Au tournant du XXe siècle, la Bretagne poursuit sa définition identitaire amorcée au cours de la première moitié du XIXe siècle en utilisant un nouveau média à succès : les cartes postales. Celles-ci montrent alors les paysages urbains des villes bretonnes et les littoraux dans tous leurs aspects. À la même époque, le tourisme se développe grâce aux nouveaux moyens de transport, et les guides touristiques et récits de voyage portant sur la côte bretonne foisonnent. Les cartes postales connaissent un immense succès de vente, rejoignent les différentes couches sociétales, nourrissent leur imaginaire collectif, et attirent les visiteurs jusque dans la Basse-Bretagne (Breizh Izel).
Parmi les nombreux sujets montrés par les cartes postales bretonnes (l’architecture, les places publiques, les infrastructures de transport, les fontaines) nous retrouvons des monuments et des mémoriaux. Par exemple, des monuments aux morts de la Grande Guerre comme ce « Monument de Sainte-Anne-d’Auray (Morbihan). Élevé à la mémoire des 240 000 Bretons morts pour la France » érigé en 1906 ou des mises en valeur de héros régionaux concrétisés dans les monuments tel que ce « Monument d’Alain-le-Grand, duc et roi de Bretagne » érigé en 1907, et aussitôt représenté en carte postale.
Notre communication explorera ces choix de représentation des monuments et des mémoriaux en carte postale et les confrontera aux textes issus de guides touristiques et de récits de voyage en Bretagne publiés à la même période. Elle cherchera à révéler et à analyser leurs interactions, dévoilant du même mouvement la « vision imaginée du passé » que les auteurs de ces cartes postales et de ces textes touristiques avaient. C’est la rencontre de ces cartes postales (image) et de ces discours (texte) que nous voulons explorer plus avant afin de mieux la comprendre.