Le récit bref de Jean Rouaud La Double mort de Mozart représente, comme l’auteur l’explique sur la quatrième de couverture de son recueil La Fiancé juive (2008), un de neuf volets de sa carte de visite. Dans ce récit que nous pouvons par conséquent qualifier d’autofictionnel, un téléfilm sur les derniers moments du grand compositeur autrichien sert au narrateur de déclencheur aux souvenirs d’enfance — la mort prématurée du père, le motif récurrent dans l’oeuvre rouaudien. Rouaud appartient à cette génération d’écrivains français (il est né en 1952) qui n’a pratiquement pas connu la vie sans poste, la télévision faisant partie intégrante de sa vie quotidienne depuis sa jeunesse, ce que nous pouvons d’ailleurs lire dans ses romans à caractère (pseudo)autobiographique. En plus, le narrateur témoigne d’une bonne connaissance des conventions filmiques. Dans cet ouvrage, il ne s’agit donc pas de condamner ou réfuter la télévision comme un autre qui soit intrus dans la sphère privée, mais bien au contraire, la télévision représente quelque chose de bien connu, d’inséparable de la vie familiale et personnelle. L’objectif de cette communication serait d’examiner le statut ontologique du texte et la mise en fiction d’une vie réelle, la frontière floue et la relation réciproque entre la fiction et le réel : ce sont les événements sur l’écran qui sont reconnus comme analogues du réel et vice versa, le réel correspondant aux événements filmiques. Finalement, il s’agit d’interroger ce mécanisme de remémorisation qui fait que ces événements télévisés se manifestent comme un déjà vu, déjà familiers au téléspectateur autofictif.