Mimésis et méta-image dans Dolorès d’Anne Baltus : Une spécularité contagieuse

Auteur / Author: 
Fabrice LEROY (University of Louisiana at Lafayette, États-Unis)
Date: 
Thursday, August 25, 2011 - 10:15
Local: 
R-R140

 

La dessinatrice française Anne Baltus a produit deux albums en collaboration avec Benoît Peeters, scénariste et théoricien de la bande dessinée : Dolorès (1991) et Calypso (1995). Ces deux albums s’indexent à l’ensemble plus vaste des scénarios de Peeters, qui mettent en œuvre, avec une récurrence systématique, des procédés de mise en abyme et des structures métadiégétiques : ses personnages s’occupent en effet de dédoubler la représentation à l’échelle réduite de maquettes, de figurines, de cartes, de tableaux, d’archives, etc. Tout comme Calypso met en scène une jeune femme réparant une mosaïque dont l’image, représentation au sein de la représentation, figure spéculairement ses propres amours impossibles et préside à la mise en vignettes de son propre vécu, selon d’étranges corrélations de nature fantastique, Dolorès raconte l’histoire d’un maquettiste qui reproduit à la perfection la maison d’une actrice, dont il s’éprend obsessionnellement. Entre le réel dépeint par la diégèse et celui reproduit en miniature par la métadiégèse incrustée s’instaurent des rapports qui dépassent la simple mimésis et sont davantage de l’ordre de la contagion, à mesure où les incidents qui affectent l’univers du microcosme figuratif se répercutent au sein de son référent ontologique (ou de ce qui s’en donne pour l’équivalent dans les vignettes de Baltus), inversant les rapports de la réplique au modèle. C’est à cette reconfiguration de l’ordre représentationnel, dont nous reconnaîtrons les corrélats dans d’autres œuvres de Peeters appartenant au corpus des Cités Obscures (Samaris, Brüsel, La frontière invisible, etc.) que nous proposons de consacrer notre communication.