La forme informelle de la nuée textuelle, repérée dans une diversité d’œuvres numériques récentes et actuelles, telle qu’elle articule génériquement la dimension discursive et celle figurale de la matière textuelle, s’avance comme symptôme d’un prolongement et d’une transformation : s’y contracte la substitution de la logique, technique et esthétique, du couple ordinateur-machine et écran-machine à celle du papier-machine.
Sous cette surface symptomatique, se dessine et se destine, au travers d’un nouveau type d’espacement, désormais autant spatial que temporel, ce que nous appelons le pli infographique, sans commune mesure avec le pli analogique traditionnel, mais dont il constituerait le prolongement conceptuel permettant de jalonner et penser ce qui arrive au texte en milieu numérique. Un des traits de l’hyperdimensionnalité propre à ce pli infographique est celui de linéaire textuel, renversant le texte linéaire hérité de la logique papier-machine, et qu’il s’agit de mettre en rapport, sous son aspect figural, avec le linéaire actif de Paul Klee.
La nature du pli infographique et hyperdimensionnel, ouvrant un espace-temps de tissage textuel inédit, est ce qui autorise de poser à nouveaux frais le concept d’hypertexte — pensé dès lors depuis la démesure du préfixe, et non plus sous l’obédience du radical : non plus depuis le lien hypertextuel ayant forgé son concept, mais depuis les types d’espacement propres à la profondeur de l’écran-machine, de laquelle émergent des constellations opusculaires, surgies d’un fond textuel corpusculaire.
Les configurations et transformations d’un tel pli sont enfin à resituer sous l’éclairage d’une scène d’écriture dont il s’agirait de préciser non tant la possibilité de voir se déposer en elle un imaginaire déjà constitué, que d’observer comment les éléments textuels construisent et déconstruisent en même temps l’imaginance de son espace-temps : immanence virtuelle où faire et défaire nouvellement image, plastique et sémantique, figurale et discursive.