Date:
Thursday, August 25, 2011 - 13:30
Local:
R-R120
Séance/Workshop:
25-3. L’apocalypse des salles obscures
Le confinement de personnages dans un lieu exigu d’où la fuite est impossible, isolés du monde extérieur dont la menace est audible, motif central du cinéma d’horreur, trouve son pendant dans le scénario de l’apocalypse zombie, où la ville devient le théâtre d’une errance sans repères.
Vidée de ses occupants, la ville perd son sens historique de foyer de la civilisation et n’est plus qu’une concentration d’infrastructures abandonnées. Si elle se révèle par la suite receler de nombreux dangers, elle est de prime abord inoffensive, théâtre d’une déambulation angoissée, des activités du quotidien ou même du jeu.
Les scènes d’ouverture de plusieurs films jouent sur le contraste avant-après, non pas de l’épidémie, mais du fait que la ville déserte, plutôt que d’être le fantasme réalisé de la possession de tous les objets et espaces qu’elle contient, est le lieu de l’anarchie dangereuse corollaire à la disparition de l’ordre social.
Les transformations économiques des quarante dernières années ont considérablement modifié le paysage urbain occidental : des zones entières sont devenues vacantes suite à la délocalisation des industries et sont aujourd’hui reconverties en condominiums pour professionnels aisés. La mono-habitation remplace la mono-industrie.
Cette reconfiguration radicale des zones urbaines tant dans leur apparence que leur fonction est précisément ce que mettent en scène les films tenant du scénario de l’apocalypse zombie. La transformation de rues en terrain de chasse ou la conversion d’un dépanneur en forteresse sont du même ordre : il s’agit d’exemplifier la requalification des espaces urbains dans un contexte économique nouveau.
Cette communication vise à mettre au jour les types de transformation de la ville dans les films de zombies en les liant aux phénomènes actuels d’appropriation et de reconversion des zones urbaines abandonnées. Le recours à la figure du zombie, cet autre qui naguère était si semblable, permet d’éclairer les dynamiques de pouvoir et les intérêts qui y sont à l’œuvre.