Esthétisation et détournement : Deux moyens artistiques de modifier l’imaginaire urbain. Le cas d’une ville postindustrielle en reconversion (Saint-Étienne, France)

Auteur / Author: 
Sandra TRIGANO (Université Jean Monnet Saint-Étienne, France)
Date: 
Thursday, August 25, 2011 - 17:00
Local: 
R-R130

 

 
La question de l’imaginaire urbain est souvent saisie par l’étude du rôle des politiques publiques, et notamment culturelles, dans la spectacularisation et la mise en scène des villes dans des logiques de marketing urbain. Or, l’imaginaire urbain émerge également d’initiatives d’artistes qui ne s’inscrivent pas toujours dans une commande publique. 
 
Cette communication se propose de présenter une étude de cas de mobilisations de l’imaginaire urbain par la création artistique à Saint-Étienne (France). Cette ville postindustrielle, aujourd’hui en reconversion, a été façonnée par l’exploitation industrielle (textile, minière, métallurgique, de fabrication d’armes, de cycles, etc.) durant presque deux siècles. L’un des enjeux locaux actuels est la reconversion de l’image de la ville qui est souvent stéréotypée comme étant une « ville noire ». Nous postulons que des artistes stéphanois (plasticiens, musiciens, metteurs en scène, chorégraphes, photographes, vidéastes, etc.) participent à la transformation de l’imaginaire local en (di)gérant de diverses manières les héritages industriels matériels et immatériels. 
Comment ces artistes construisent, véhiculent, remettent en cause, recyclent, rejettent les imaginaires urbains stéphanois ?
 
Deux procédés sont utilisés par ces artistes pour mettre en place une étrangéisation de l’ordinaire, nécessaire dans le cadre d’une modification de l’imaginaire urbain. Le premier repose sur le processus propre à toute pratique artistique selon Arthur Danto : la « transfiguration du banal ». Les artistes procèdent ici à une esthétisation d’éléments industriels de la ville (friches industrielles, chevalement de mine, terrils, etc) et participent à une modification de l’imaginaire à propos de ce qui était alors considéré comme laid ou indigne d’intérêt. Le second procédé consiste en l’usage du détournement. Les artistes participent à un retournement des stigmates qui ternissent l’image de la ville en détournant, souvent avec humour, des stéréotypes ou emblèmes qui la caractérisent habituellement.