Date:
Thursday, August 25, 2011 - 13:30
Local:
R-R160
Séance/Workshop:
28-3. Ritualité et créativité littéraire
Le Fils du roi, roman de Michel Henry, propose un récit articulé autour de la thématique de l’aliénation mentale. Celle-ci peut être comprise, selon le récit, comme relevant d’une incomplétude d’identité, l’établissement clos (un asile) privilégiant la seule identification externe, (sociale) des sujets. Nous montrerons comment, au sein d’un univers vidé de ses contenus symboliques, l’un des pensionnaires, José, bouleverse l’ordre rituel établi (l’organisation) et fonde, par l’intermédiaire des actes qu’il pose et des fables qu’il narre, un ordre rituel neuf dont la finalité consiste en l’acceptation d’une altérité qui n’est pas extérieure à notre ipséité, mais qui, au contraire, lui est consubstantielle. Cette altérité transcendante correspond à ce que le philosophe appellera dans un premier temps, dans ses écrits philosophiques, la « vie ».
Cependant le concept henryen de vie peut aussi être compris dans sa dimension théologique : la « vie », affirmera Michel Henry, c’est Dieu (cf. Incarnation). Ainsi prend davantage sens le personnage de José, qui constitue une figure christique (il est, selon ses propres dires, « le fils du roi »). Dieu doit donc être entendu comme participant intimement à l’identification du sujet : c’est ainsi que l’on comprendra l’action de José, dont les actes et les paroles représentent l’incarnation, l’anaphore mémorielle d’une transcendance sans laquelle, privé de ses racines, l’être humain dépérit.
Il conviendra enfin de s’interroger, plus globalement, sur les possibilités que recèle le texte de fiction par rapport au texte philosophique. Cette particularité de la littérature, dont Michel Henry a signifié lui-même l’importance, permettra de nous questionner sur la portée effective de la publication du Fils du roi, compris en tant qu’allégorie d’une société dans laquelle la question de la transcendance (et la question de la mémoire) n’apparaît plus comme une priorité (thème que développera Henry dans La Barbarie).