Selon les Grecs, on commence toujours à voir, observer une chose (theoria) pour finir par l’admirer, s’émerveiller (thaumazein). On serait donc constamment pris dans le jeu du spectacle (theama), de la représentation, voire de l’identification à un idéal de soi. J’aimerais questionner la valeur de l’émerveillement et du spectacle auquel les figures donnent lieu lorsqu’elles s’emparent de la théorie, notamment dans la perspective de l’enseignement, de la transmission du savoir. Que se passe-t-il lorsqu’étudiants et professeurs se font des moi pensants à partir du littéraire, terre des figures ? Quelles expériences les traversent ? Comment subissent-ils le mouvement qui ne laisse plus leurs « moi » être en paix, mais le fait devenir ? Charmés par les figures, arrivent-ils à délocaliser Theoros, gardien de la loi, de la grille et de la convention, arrivent-ils à le faire quitter sa position de spectateur, de juge pour l’entraîner ailleurs et le convaincre à participer à la fête de la pensée ? En prenant, entre autres, comme point de départ de la réflexion des notions comme celle de bios theoretikos (Aristote), de lieu, chemin ou route de la pensée (Heidegger, Arendt), de regard de la pensée (Guenancia), de metaxu (Platon, Weil), j’aimerais convier les collègues à une réflexion sur la portée et la force des figures dans l’enseignement de la littérature à l’université ou au niveau supérieur. En envahissant un territoire qui leur était proscrit, les figures laissent-elles présager un autre savoir-faire, un autre pouvoir sur les choses ? Penser ensemble à partir de ces aspects signifie remonter à nos propres expériences de professeurs et non pas aux doctrines (méthodes et normes acceptées et recommandées par la didactique ou la pédagogie du littéraire).