L’imaginaire de la transcendance dans les arts visuels, comme dans la société actuelle, est pour le moins complexe. Dans son acception la plus commune, l’idée de la transcendance est réduite au registre religieux ou au surnaturel alors que, parallèlement, s’exacerbe une idéologie laïque antireligieuse. Pourtant, en dépit de la tendance qui proclame la disparition de la transcendance avec le paradigme de la postmodernité, voire même son abolition, certains de ses éléments constitutifs sont particulièrement présents dans l’imaginaire contemporain : le fonds étymologique du terme « transcendance », qui réfère à un imaginaire de l’espace et du mouvement projeté dans une réalité autre ; l’autorité morale à laquelle la transcendance est souvent associée ; enfin, les questions de l’origine, de l’éthique et de la mort que celle-ci englobe. La figuration de ces éléments dans les arts visuels contemporains passe souvent par la représentation et la performance du corps. Dans cette communication, nous proposons quelques éléments d’analyse du vidéoclip My Girls du groupe Animal Collective, réalisé par DominoRecord en 2008. Dans cette œuvre où la silhouette humaine est mise en vedette, les réalités matérielle et immatérielle, organique et énergétique, terrestre et cosmique sont permutées au profit d’un jeu sémantique riche sur les frontières entre la vie et la mort, entre le fini et l’infini. Un dialogue critique avec des textes qui théorisent la transcendance nous permettra ensuite de questionner l’étanchéité des frontières entre le « texte du corps » et « l’imaginaire de la théorie », d’une part, et leur apport respectif à l’imaginaire de la transcendance, d’autre part.