“Because I Could Not Stop for Death” de Mary Caponegro ou la poétique de l’empreinte

Auteur / Author: 
Anne ULLMO (Université Lille 3, France)
Date: 
Monday, August 22, 2011 - 17:00
Local: 
R-R160

 

Séduite par l’appel lancé par l’écrivain américain Jonathan Safran Foer, à constituer, en 2001, un recueil collectif de poèmes et de fictions narratives en hommage aux œuvres de Joseph Cornell, la romancière américaine Mary Caponegro décide de proposer un texte qui prendrait la forme d’un échange épistolaire entre l’artiste visuel et la poétesse Emily Dickinson. Or, ce dialogue apocryphe et antiphonal, qui s’inspire de la « boîte » dédiée en 1953 à Emily Dickinson (« Toward the Blue peninsula ») interroge à la fois la relation texte/art visuel et le rapport entre l’œuvre d’art et le temps.


J’aimerais montrer ici la manière dont le texte de Mary Caponegro 
« Because I could Not Stop For Death » (in Foer, 2001 : 157-158) propose une réflexion sur la nature foncièrement anachronique de l’oeuvre d’art en référence à ce que dit Benjamin de « l’image dialectique », cette 
« configuration dialectique des temps hétérogènes » (Didi-Huberman, 2008 :
13). Comment cet emboîtement de l’expérience créatrice (la forme du texte de Caponegro reproduisant le cadre restreint de la boîte de Cornell qui fait elle-même écho aux poèmes courts et ciselés de Dickinson) révèle-t-il l’anachronie inhérente à l’empreinte, faisant par là même œuvre de 
« survivance » (ibid.) ? Nous nous efforcerons de montrer comment, entre présence et absence, l’œuvre de Mary Caponegro déjoue la simple nostalgie en remplaçant le processus mémoriel par ce que Walter benjamin appelait une « constellation » qui incorpore trace de poèmes, allusions biographiques et échanges post-mortem prenant la forme d’une « conversation » (Louvel, 2010 : 230-233) non seulement « entre deux arts » (idem : 230) mais également entre deux siècles.