(Auto)portraits d’écrivains et autres figurations d’artistes. Le cas des journaux expérimentaux flamands de Maurice Gilliams (1900-1982) et Gaston Burssens (1896-1965)

Auteur / Author: 
SERGIER, Matthieu (Fonds de la Recherche Scientifique, Université catholique de Louvain, Belgique)
Date: 
Monday, August 22, 2011 - 15:15
Local: 
R-R130

Dès le début des années 1950, la littérature de Flandre s’est profilée à l’avant-garde du renouveau littéraire occidental par son approche combinatoire du nouveau roman français, de l’héritage moderniste anglo-saxon, de l’existentialisme et du dadaïsme. Graduellement, ces écrits — que l’historiographie convint d’appeler « prose expérimentale » (Jean Weisgerber, 1976) ou « autre prose » (« ander proza », Sybren Polet, 1978) — furent considérés par la critique comme les paradigmes esthétiques d’un anticonventionalisme sociétal déroutant qui, en Occident, célébra son apogée à la fin des années soixante (Hugo Brems, 2006).
Le journal d’écrivain a toujours occupé une place de prédilection au sein de la prose expérimentale flamande. Parmi les 16 auteurs traditionnellement associés à la mouvance, 14 sont des diaristes plus ou moins assidus. Les journaux de Maurice Gilliams (De man voor het venster. Notities, 1943) et de Gaston Burssens (Fabula rasa, 1945) sont considérés comme deux précurseurs de la mouvance expérimentale. En plus d’être envisageables comme autoportraits narratifs, les deux journaux contiennent, au sein de leur péritexte, un autoportrait (Gilliams) et un portrait (Burssens) de l’écrivain. On pourrait dès lors se demander selon quelles modalités ces inserts intermédiaux invitent à (ré)orienter non seulement la lecture à venir, mais aussi la lecture de l’écrivain en tant qu’acteur du champ littéraire. L’analyse s’effectuera donc selon une approche heuristique fidèle au texte mais ouverte aux interrogations en termes de stratégie posturale (Meizoz, 2007). Chez Gilliams, l’autoportrait se trouve au nœud d’un système narcissique de renvois à d’autres (auto)portraits d’artistes, tous au service de l’écrivain et de ses convictions poétiques. Chez Burssens, l’illustration sert de contrepoint graphique à un programme autobiographique contestataire institutionnellement fondé, qui fonctionne selon des renversements grotesques.