Comment se passe aujourd’hui la construction de notre identité ? Faut-il déterminer avec Internet de nouvelles formes de visibilité pour comprendre les relations que nous entretenons avec le monde ?
U-rss (www.u-rss.eu) se présente comme une véritable interface entre le sujet Je et le monde. Un calque dynamique de portraits sociaux est superposé à Google Earth. Cette interface « au jour du i » du « lifelogging »
(Nicolas Nova : 2009) provoque une forme d’éparpillement du sujet. Je
« speech/acteur » est disséminé entre différents centres d’intérêt, forums sociaux ou moteurs de recherche. Via Internet, le sujet doit se penser en re-présentation sociale. Il est figuré de manière contemporaine à travers les
« liens » qu’il perçoit, tisse, lie et délie, abandonne sur le Web. Son imaginaire devient un champ d’investigation élastique, sans cesse en mouvement, tourné vers « la possibilité d’une île » (Michel Houellebecq : 2005) ; un lieu improbable, utopique, que notre Je posté à l’abri du monde réel pourrait embrasser.
La construction de cette œuvre U-rss se déroule en trois temps. Tout d’abord un territoire d’investigation est délimité. Ensuite, plusieurs applications (API’s Application Programming Interface) ont été créés pour observer ces liens que nous occasionnons sur et au-dessus de ces territoires réels via Internet. Ces API’s permettent de déterminer et de classer ces informations pour les transformer en « i+D/signes ». Enfin, lorsque cet ensemble de signes est organisé, il est transformé en architexture modulaire. Construite en 3D, cette architexture — véritable portrait social équivalent aux i+D/signes — est in fine visible sur Google Earth.
Sur cette interface se superposent alors des re-présentations sociales en déplacement à une re-présentation du monde contemporain. U-rss produit inévitablement de nouvelles formes construites sur et entre des formes existantes et le rythme de ces signes indiciels associés à des conversations (liens, commentaires) produit des constructions mentales. Ce rythme interprète une structure commune in/visible (c’est-à-dire seulement visible à travers Google Earth), un réseau de flux migrants, dans lequel Je, plongé irrémédiablement dans un corps social, cherche à s’affirmer en tant qu’individualité extraite à l’aide du
