L’album Dans mon corps, du groupe Les Trois Accords, est paru en automne 2009. Le groupe, composé de quatre musiciens trentenaires, est bien connu au Québec depuis approximativement cinq ans. Ils auraient pu, comme pour leurs albums précédents, mettre l’accent visuel sur eux-mêmes. Or, l’imagerie de Dans mon corps présente un homme noir, chanteur soul Motown, semblant tout droit sorti des années 1970. Non seulement la pochette de l’album nous présente cet homme, mais également les trois vidéoclips extraits de Dans mon corps le mettent en scène (les vidéoclips pour « Dans mon corps », « Le bureau du médecin » et « Elle s’appelait Serge »).

Dans cette communication, je souhaite examiner plus en profondeur les différentes implications de cette imagerie. Plus spécialement, je veux comprendre ce que signifie cette appropriation de la part des Trois Accords. Comment comprendre l’emploi de l’image d’un chanteur soul pour un groupe comme les Trois Accords ? Je considère la facture visuelle comme partie intégrante de la création de sens d’un univers musical ; ainsi, les images d’un chanteur noir informent nécessairement les manières dont on reçoit, évalue et interprète les chansons des Trois Accords. Également, je considère que cette création de sens s’inscrit dans une culture et une société (celle du Québec) déjà pétrie de sens, de résonances sociales et de normes. Ainsi, en me concentrant surtout sur les vidéoclips extraits de l’album Dans mon corps, je compte me pencher sur les processus de déstabilisation, d’appropriation et de déconstruction créés par ces artéfacts culturels et comment ils résonnent dans l’univers social québécois. Le but de cette communication est double : tout d’abord montrer comment l’impact visuel de la musique populaire se répercute au niveau de la création de sens, et ensuite, comment un vidéoclip peut amener à réfléchir sur les constructions sociales de l’identité.