La littérature pour la jeunesse et a fortiori la littérature enfantine, c’est-à-dire la littérature destinée aux enfants qui sont en phase d’acquisition de la lecture autonome (7-10 ans), ont toujours favorisé une autre perception du texte grâce à la présence constante des illustrations, et ce, depuis les prémices. Actuellement, cette présence iconique est même exacerbée dans les « mini-romans » (Noëlle Sorin), puisque l’image et le texte se partagent l’espace livresque à parts presque égales. Cet espace mixte, créé par la rencontre du textuel et de l’iconique, constitue ce type de littérature particulière et participe à la mise en place d’un « récit interactif » (Françoise
Lepage), gage, entre autres, d’une lisibilité optimale — ou du moins optimalisée ; cette dernière étant indispensable pour permettre au très jeune lecteur de poursuivre sa lecture.
Dans le même temps, paradoxalement, au nom de la primauté traditionnellement accordée au texte sur l’image, la présence des illustrations a également contribué à « dénaturer » cette littérature, la reléguant souvent au rang de « paralittérature ». Ce sentiment a notamment été corroboré par des critères linguistiques (vocabulaire simple, syntaxe appauvrie…), étouffant toute possibilité pour la littérature enfantine — et en particulier pour le « mini-roman » — d’accéder à une quelconque littérarité.
Cette communication entend présenter certaines particularités narratives propres au texte, à l’image, à la confrontation du texte et de l’image au sein de l’espace mixte qu’est le « mini-roman » contemporain afin de montrer dans quelle mesure ces instances participent à la création de l’horizon d’attente du lecteur. Elle tendra également à préciser comment les critères de lisibilité et de littérarité ne sont pas nécessairement antinomiques dans le cadre spécifique de cette production littéraire et peuvent participer conjointement à sa définition.