Quand l’Apocalypse devient transposition psychologique. L’exemple dans les récits de Julien Gracq

Auteur / Author: 
Sandrine GUALANDI (Université de Corse et de Haute-Alsace, France)
Date: 
Jeudi 25 Août 2011 - 17:00
Local: 
R-R120

 

 
La résurgence du mythe dans les arts tels que la littérature, la peinture, le cinéma témoigne de sa capacité à se renouveler, à être remanié dans la perspective d’une « survivance » et non pas d’une dégénérescence. Le substrat mythique que représente l’imaginaire de la fin situé aux confins de la psyché nous donne à réfléchir sur les enjeux autant esthétiques qu’éthiques de son réinvestissement dans la littérature et notamment dans les œuvres romanesques de Julien Gracq. Au motif de la quête initiatique à laquelle prélude le « chaos primitif » se conjugue indéniablement la notion de cohérence. Cohérence thématique au sein d’une narration qui manifeste l’ambition d’une recherche, d’un retour à l’équilibre, à l’harmonie primordiale. L’œuvre de Gracq naît d’une puissance évocatrice et poétique prônant une poétique du retour à l’Origine pourtant oppressée par une atmosphère de fin explicitée par le schème de l’apocalypse, du Déluge, de la fin. La création fictionnelle a pour ambition de récréer et de remanier les mythes et donne à l’imagination les pouvoirs de l’agir libre.
 
Les récits de Gracq sont construits à partir d’une relation de l’homme au monde, de son litige de ses « noces rompues » et sa présence au monde est corroborée par une quête d’une réalité ultime qui comme l’Ouroboros — le serpent qui se mord la queue — évoque l’éternel départ vers l’éternel retour.
 
La réminiscence apocalyptique dans les récits gracquiens à une fonction singulière : elle permet de faire surgir non seulement le sentiment d’un renouvellement mais de puiser au centre de ce surgissement le sens d’un destin en quête. Le schème de l’apocalypse en tant que rémanence mythique marque l’abolition du temps et permet de replonger dans le vieux fonds archaïque de l’humanité.
 
L’imaginaire de la fin, dans les récits de Julien Gracq, procède d’une unité et devient un élément constructif au sein de la quête identitaire. « Présence mémorielle » à l’origine d’une posture dialectique, le schème apocalyptique permet de réaliser un équilibre tant recherché par les personnages gracquiens placés au centre des mystères de la vie.