En 2060, le professeur Paulie Panther débarque dans la ville de Boney Borough. Poète et botaniste à la recherche d’une plante indigène dont il veut tester les effets psychotroniques, Panther cause un émoi dans la communauté avec un aplomb et un sens du spectacle qu’Hunter S. Thompson n’aurait pas renié. Il s’avère que la plante indigène permet à la personne qui la fume d’entrer en communion sensorielle et perceptive avec les personnes qui l’entourent. La rectitude morale et éthique inculquée aux habitants de Boney Borough ne fait pas bon ménage avec les pensées hédonistes et libérales de Panther : il faudra que le sang coule.
Dash Shaw, auteur de Body World, est en quelque sorte le fils illégitime et déjanté de Chris Ware. Dans son roman graphique, le jeune bédéiste multiplie les expérimentations formelles, de manière à représenter les séquences hallucinatoires où ses personnages se perdent dans un kaléidoscope de pensées affectives et de perceptions corporelles. Un emploi de plusieurs techniques et matériaux de dessins, en plus d’un usage malléable et transitoire du texte écrit, créent des réseaux de symboles et de significations au cours de l’œuvre.
L’objet de ma communication sera de considérer comment Dash Shaw instaure une iconotexualité fluctuante et accumulative dans son roman graphique Body World, qui entraîne des rapports d’iconicité singuliers se fondant et se désagrégeant au cours de la lecture.