La mutation du corps humain et le passage annoncé vers la posthumanité s’effectuent par une transformation du corps, une amélioration des capacités cognitives et physiques de l’humain, et par un prolongement notable de son espérance de vie (notamment par le biais de la chirurgie, des techniques mélioratives, de la cybernétique, de la cryonique, etc.). De même, le clonage ne promet-il pas en somme un « éternel retour » du sujet ? Cependant, les imaginaires du posthumain et du clone sont consubstantiels à la question de la (pro)création et de la filiation. Les genèses du posthumain et du clone mettent-elles en scène une nouvelle matrice ? Les récits anthropotechniques, devenant nouvelles anthropogonies, redéfinissent-ils la question de la filiation ? Des origines ? Quel récit des origines un être créé — ou recréé —
artificiellement peut-il transmettre ? Qu’est-ce qui constitue son identité ? Quelles sont les images convoquées pour penser sa création ? Le corps ainsi perpétuellement modifié, recréé, serait une création laborantine. N’est-il pas pour autant encore tributaire d’un imaginaire de la matrice ?
L’antre souterrain, le cocon, l’œuf, le ventre maternel, ne demeurent-ils pas les référents majeurs (les images primordiales) pour penser la création et la naissance, même lorsqu’elles sont artificielles ?
Nous traiterons ces questions notamment à travers l’étude d’œuvres fictionnelles littéraires et cinématographiques, en particulier de la fin du
XXe siècle et du début du XXIe siècle (notamment La Possibilité d’une île de Michel Houellebecq — roman et film — Species Technica de Gilbert Hottois, The Island de Michael Bay et Alien 4 de Jean-Pierre Jeunet), et à la lumière de la mythologie.