Mystérieuse et hybride, Londres a attiré voyageurs et écrivains, inspirant pléthore d’univers artistiques qui stimulent notre imaginaire. De nos jours, des auteurs aussi divers que Peter Ackroyd, Gilbert & George et Iain Sinclair tentent d’apprivoiser la métropole — au croisement de l’histoire, des études culturelles, des arts plastiques ou de la psychogéographie.
En observant la ville contemporaine ils visent à reconstituer le passé et surtout la mémoire de Londres. Retrouver cette mémoire équivaut à en réhabiliter la partie la plus évanescente, passée sous silence et vouée à disparaître : la vie intime de la ville. Celle-ci se lit à travers les traces et les empreintes : inscriptions, dessins ou tags déposés à la surface de la ville. Or, le décryptage de ces traces remet en cause notre capacité à faire sens de notre environnement et interroge l’approche empirique en général. Aussi variées que soient les approches de ces artistes, elles se heurtent toujours à la puissance protéiforme de la ville qui ne peut être maîtrisée.
L’exploration de la mémoire de la ville s’appuie d’abord sur l’inventaire des empreintes qui amène le lecteur le spectateur à faire l’expérience de la fragmentation, du vestige. Celle-ci nous conduit dans un deuxième temps à reconsidérer les traces pour y discerner les modalités d’un dévoilement provisoire de la figure spectrale de Londres. Parallèlement, ces traces forment un écran qui empêche le lecteur d’imaginer la ville dans sa totalité. C’est pourquoi les auteurs conçoivent des oeuvres composées d’écrans et de palimpsestes qui participent in fine d’une étrange cartographie de Londres et deviennent des lieux de mémoire inédits.