Notre imaginaire de la fin se cristallise autours des correspondances entre science et philosophie, et en ce sens, se trouve en étroite relation avec l’esprit du temps, c’est-à-dire, répond d’une ambiance sociale et des pratiques qui y sont attachées.
La vision scientifique et experte du risque et de la catastrophe stipule qu’il existe un décalage entre la réalité des risques et des catastrophes auxquels est soumise une société et nos représentations ou notre imaginaire du danger, tout comme, il existe un décalage entre la réalité de la sécurité, du sûr, du sain, et les idéations qui y correspondent.
Mais ce décalage s’estompe, voire s’efface dans nos attitudes et comportements sociologiques de prévention du risque : face à un risque avéré ou réel, nous agissons selon des « stocks de connaissances », idem face à un risque supposé ou fictif. Ce qu’il faut admettre, c’est que nous partageons exactement les mêmes stocks de connaissance et que ceux-ci se modèlent autours d’univers mythiques. L’expérience de la peur — de la fin du monde — se construisant autant sur la base des expériences vécues que sur celle de nos fantasmagories, ou comme le dit Gilbert Durand à propos du trajet anthropologique de l’imaginaire : un va-et-vient entre
« les intimations objectives du milieu » et « les pulsions subjectives » ; ainsi, comme le mythe, le cinéma catastrophe influence et structure l’épistémè de notre époque, en tout cas fait office d’instances de fixation dans notre représentation du réel.
Cette intervention traite aussi des différences sociologiques entre cinéma-catastrophe moderne et cinéma-catastrophe postmoderne, de la modification de ses techniques cinématographiques et significations sociales qui y sont rattachées, comme par exemple la transcendance de la fin dans le cinéma-catastrophe moderne et son immanence dans le cinéma-catastrophe postmoderne.