Date:
Jeudi 25 Août 2011 - 13:30
Local:
R-R160
Séance/Workshop:
28-3. Ritualité et créativité littéraire
Le consentement au sacrifice qui se confond avec l’acte même de création et d’écriture et apparaît comme la condition nécessaire de l’avènement du « nous » (de sa construction toujours éphémère chez Kolmar, et de sa restitution après le désastre de la Shoah chez Sachs) est un thème récurrent dans l’œuvre des deux poétesses dont il constitue sans doute l’aspect le plus « in-quiétant ». Il pose en outre la question du rapport à l’histoire : le sacrifice, toujours réitéré et décliné sous des formes multiples, serait-il l’acte révolutionnaire par excellence ou traduirait-il une fuite — et en dernier ressort une impuissance — face à l’histoire ?
Passage obligatoire, le sacrifice revêt une dimension quasi rituelle dans le théâtre de Kolmar, fortement inspiré de la tradition antique, et dans les poèmes scéniques de Sachs imprégnés de mystique juive, écrits dans lesquels cette « folie » est vécue comme une expérience répétée de l’extrême qui implique l’être tout entier. Dès lors se pose le double problème de la mise en scène et de la réception d’œuvres jugées d’une part, un peu hâtivement, anachroniques, et perçues d’autre part comme intempestives et éminemment dérangeantes en ce qu’elles exigent du lecteur/spectateur qu’il supporte la tension inhérente au rite, aux préliminaires et à l’acte sacrificiel lui-même, mais également qu’il consente à s’engager, ne fût-ce que le temps de la représentation, dans une voie ne débouchant ni sur une catharsis, ni sur la promesse formelle et la certitude d’une rédemption.