La vision à l’écart : Illusions d’optique et jeux de l’imaginaire

Auteur / Author: 
Matteo Wladimiro SCARDOVELLI (Université du Québec à Montréal, Canada)
Date: 
Mardi 23 Août 2011 - 13:30
Local: 
R-R120

 

La problématique de mon intervention portera sur la liminalité inhérente à toute illusion d’optique. Ce type de « configuration sémiotique » représente une « inclassable » parce qu’elle met à nu l’écart qui passe entre le « plan plastique » et le « plan iconique » dont toute image se compose. L’objet de la vision (illusoire) est là, mais en même temps ne l’est pas : en soumettant les éléments de la configuration visuelle à une analyse « cartésienne » on s’aperçoit que l’ « œil » voit toujours plus (ou moins) par rapport aux données de base qui lui sont fournies : le sens déborde ainsi les limites propres du signe (visuel). Ce jeu du « visible et de l’invisible » (Merleau-Ponty), qui met la vision à l’écart, découle du jeu — ou du travail — de l’imaginaire. Cette faculté est considérée dans son sens cognitif plus étreint. En conjuguant les approches de Durant et de Sartre avec les sciences cognitives, l’imaginaire est ainsi considéré en tant que structure organisant les données (visuels) de base selon des axes préconstitués de « mise en configuration ».


En fait, personne ne se trompe dans la « lecture » des illusions visuelles :
l’imaginaire fait son travail d’organisation, et nous donne à voir des configurations tout à fait cohérentes. Ces illusions, à partir du lieu paradoxal qui occupent, sont ainsi en mesure de nous fournir d’informations importantes sur le fonctionnement du « langage visuel » en général. Le chemin de mon analyse suivra ainsi les courbes qui passent entre vérité et fausseté, entre imaginaire et imaginé, entre percept et concept, entre subjectivité et matérialité (plasticité) du monde. Comme l’assure Proust, ce sont « [l]es illusions d’optique qui nous prouvent que nous n’identifierions pas les objets si nous ne faisions pas intervenir le raisonnement ».