La fin d’un monde, le commencement d’un autre : Imagerie prémonitoire de l’après ou projection anxiogène du présent ?

Auteur / Author: 
Eric NUEVO (Département Arts et cinéma, Université Picardie-Jules Vernes, France)
Date: 
Jeudi 25 Août 2011 - 15:15
Local: 
R-R120

 

 
La récente production de Roland Emmerich, 2012, raconte la fin du monde tel que nous le connaissons, avec force destructions et dévastations. Mais pas seulement. Le réalisateur allemand y relate aussi le début de quelque chose de nouveau en posant les bases du monde d’après la catastrophe, comme si, d’une certaine manière, le cinéma américain de l’apocalypse ne pouvait s’empêcher d’imaginer un au-delà à l’annihilation de l’humanité. Il faut bien qu’une larme d’espoir vienne saupoudrer un océan de mort.
 
Cette espérance — naïve ou utopiste — n’est pas seulement le fait d’Emmerich. La majorité des grandes productions catastrophistes récentes semblent moins parler de la destruction effective du monde que couler les fondations des futurs probables. Prédictions, à l’instar de 2012, sauve une parcelle de l’humanité de la disparition. La Route, Le Livre d’Eli ou Je suis une légende choisissent plutôt de se situer après les événements et d’évoquer la construction — instable — d’une humanité nouvelle. En remontant plus loin dans le passé, à l’époque des grands films apocalyptiques des années soixante-dix, nous retrouvons un discours équivalent, soit qu’il fasse la part belle à la crainte de la destruction (Le Choc des mondes), soit qu’il fasse état d’un monde déjà détruit où l’on cherche un espoir de renaissance (Le Dernier rivage, Le survivant, La Planète des singes, Soleil Vert, etc.).
 
En croisant analyse historique des films américains et analyse thématique des motifs de destruction et de reconstruction, nous nous proposons d’étudier comment la production hollywoodienne donne à voir, par le biais de son cinéma apocalyptique, à la fois l’image prémonitoire de l’après ou la projection alarmiste d’un présent angoissant.