La face cachée du Che, l’ange martyr

Auteur / Author: 
Alice VAN DER KLEI (Figura, ERIC LINT, Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal, Canada)
Date: 
Mardi 23 Août 2011 - 13:30
Local: 
R-R140

 

Che Guevara, l’ange martyr, l’homme au visage le plus imprimé sur les tee-shirts de la pop-culture. Le mythe de la figure angélique révolutionnaire du Che, saint et martyr, se construit à partir de deux photos. La première est la célèbre photo d’Alberto Korda de 1960, d’un barbu au regard mystique coiffé d’un béret étoilé. Le romantisme révolutionnaire de cette image réside dans la représentation de ce regard « qui semble être sur le point de s’éloigner de ce sur quoi son regard est fixé » si l’on reprend l’ange de l’histoire de Walter Benjamin. L’autre photo de 1967 est de Marc Hutten de l’Agence France Presse, d’un Che christique allongé, cadavre au torse nu blessé. C’est à partir de là que Che Guevara est devenu une figure de l’ange martyr de la révolution moderne. Régis Debray écrit : « On ne peut rien contre les mythes. Son assassinat l’a transformé en archange, le glaive en moins... » Ange martyr, Che devient, dès l’instant où il meurt, mythe, figure. Comme écrit Bertrand Gervais : « La figure, c’est le personnage transfiguré, métamorphosé en un symbole chargé de signification. Constituée de traits, qui permettent de l’identifier, et d’une logique de mise en récit, qui sert à son déploiement, la figure n’est pas une entité statique, mais dynamique. » Nous analyserons les traits de la figure de l’ange messager d’un imaginaire relié au romantisme révolutionnaire. Ces traits sont-ils : une belle gueule, des souffrances de martyr et une volonté de vaincre l’injustice, l’impérialisme et la pauvreté ? Ces attributs, le Che les a réunis dans un idéal de l’imaginaire de « l’ange moderne ».