De nos jours, les spécialistes littéraires de Dante laissent généralement de côté L’Enfer pour se concentrer sur l’étude du Paradis. Or, le cinéma contemporain semble effectuer le mouvement inverse en s’appropriant uniquement la part d’ombre de La divine comédie. Depuis l’arrivée du nouveau millénaire, l’imaginaire négatif déployé par la trilogie de Dante a pris d’assaut la culture populaire et plus précisément le domaine des arts visuels. De la simple référence implicite à l’emprunt explicite au petit comme au grand-écran et en passant par le film d’animation et l’univers du jeu vidéo, la figure de l’enfer dantesque s’impose désormais comme un leitmotiv. Cette résurgence est d’autant plus intéressante qu’elle rappelle la fascination des Romantiques allemands pour l’espèce de Sturm und Drang constitutif de L’Enfer. En me fondant sur les propositions de Raymond Williams et Richard Hoggart, pour qui la culture contemporaine constituerait une forme de continuation « dégradée » du romantisme, cette communication cherchera donc à comprendre le retour de Dante et de son Enfer dans le cinéma « grand public » afin de saisir les différents « processus symboliques » constitutifs de la culture populaire contemporaine.