Cette communication se propose de décrire les procédés d’hybridation médiatique des textes littéraires grâce à deux métaphores directrices : le cyborg et le robot. Ces deux entités seront considérées comme des figures permettant de décoder notre culture et plus particulièrement de penser un pan de la littérature de l’extrême contemporain.
Les textes qui feront l’objet de notre réflexion se font en effet cyborgs : corps hybrides, mi-organiques, mi-machiniques. Des romans comme Le décodeur de Guy Tournaye (que l’on considèrera comme un hypertexte-papier) et P.A. de Renaud Camus (oscillant entre livre et site Web) sont des objets littéraires à la croisée de plusieurs pratiques médiatiques. Ils procèdent de ce que Katerine Hayles dans Writing Machines appelle « cyborganization » :
« Transforming human subject into hybrid entities that cannot be thought without the digital inscription apparatus that produces them » (Hayles, 2002 : 49). Ces romans sont des cyborgs, métaphoriquement comme matériellement, par l’hybridation dont ils procèdent et par la cyberculture à laquelle ils appartiennent.
En contrepoint de ces œuvres littéraires que l’on pourrait qualifier
d’« augmentées », nous trouvons au sein du medium numérique plusieurs exemples de représentation (de figuration) du livre, que nous qualifierons de livre-robot : des œuvres numériques, technologiques qui tâchent d’imiter le livre, comme le robot est construit à l’image de l’homme. Nous nous pencherons alors sur deux exemples en particulier : le site
http://fr.calameo.com/ et Inside : a Journal of Dream d’Andy Campbell (http://www.dreamingmethods.com/inside/).
Ultimement nous nous interrogerons sur l’impact de ces métaphores du cyborg et du robot qui permettent à la fois de comprendre et de décrire précisément les procédés d’hybridation médiatique en jeu ici et de réfléchir à la problématique si prégnante de la matérialité, du corps (que celui-ci soit composé de chaire ou de papier) à un moment charnière de l’évolution technologique et médiatique.