À ce sujet, je tenterais d’explorer les rapports qu’entretiennent les textes avec les photographies dans trois livres publiés par Michel Tournier. Vues de dos, Clés et serrures et Le crépuscule des masques. Dans ces ouvrages inclassables, le texte et l’image ont un rapport ambigu. Les deux médias se côtoient dans un mariage pour le moins étrange. Tantôt c’est le texte qui donne un sens à l’image, formant un duo coopératif et complémentaire. Tantôt l’image n’est qu’un ornement facultatif à un texte en rupture totale avec ce qu’il décrit. Dans les livres cités plus haut, le texte et l’image photographique partagent le corps du livre, parfois même le corps de la page. Il n’en demeure pas moins que ces livres révèlent que la photographie ne pourra pas échapper à l’emprise du verbe. Lors d’un entretien qu’il nous a accordé dans son presbytère, Michel Tournier a affirmé qu’il ne peut s’empêcher d’écrire sur les photographies. Les images appellent les mots à la rescousse. Autrement dit, les images qui fixent et immobilisent l’instant sont en quête de mots libérateurs, de phrases qui puissent les réanimer et leur insuffler vie. Il s’agit dans notre intervention de questionner le statut de ces textes et leur rapport avec les photographies.