Dans Fors Clavigera, John Ruskin revient sur sa passion pour la spirale et la gravure, n’hésitant pas à passer du motif d’un coquillage à la gravure des sarcophages. À travers ce va-et-vient entre l’observation des empreintes du monde naturel et les tentatives de déchiffrage des formes artistiques (moulures, traces de peinture, dessin) le critique d’art revient par là sur les différentes manières de créer. Entre empreindre et dépeindre, il montre qu’il existe une grande proximité entre le fait de découper, et le fait de peindre ou d’écrire.
Ce faisant, l’on peut dire que se trouve énoncée ici une esthétique de la trace, paradigme de l’écriture de Ruskin tout autant que du mode d’élaboration de son œuvre littéraire.
Cette communication tentera de montrer comment la pensée de Ruskin se déploie à partir de ce mouvement paradoxal de l’empreinte, par lequel le spectateur comme le lecteur se saisit du réel et s’en trouve aussitôt privé dans un phénomène d’inversion binaire caractéristique du monde du vivant autant que de l’expression artistique.