« An impress of a wreath of roses » : « Survivances de l’image »

Auteur / Author: 
Liliane LOUVEL (Université de Poitiers, France)
Date: 
Lundi 22 Août 2011 - 13:30
Local: 
R-R160

 

Partant de l’exemple paradigmatique de l’empreinte par excellence, celle du Visage sur le mouchoir de Ste Véronique, il s’agira d’offrir un essai de théorisation sur les formes que le visuel dans ses manifestations concrètes comme trace, empreinte, écran peuvent prendre lors de sa conversion ou 
« opération de change » à l’écrit.


À l’aide d’exemples empruntés à divers ouvrages, cet article s’attachera à étudier différents modes de manifestation de la trace et de l’empreinte dans le texte littéraire. L’intermédialité conçue comme milieu de création se trouve offrir un champ pragmatique aux interactions entre l’imaginaire, la mémoire et l’empreinte.


Pour Melville, « an impress of a wreath of roses », dans la nouvelle « The Paradise of Bachelors and the Tartarus of Maidens » révèle la Véronique recyclée dans la pâte à papier de la vallée de Woedolor. Dans The Lazarus Project d’A. Hemon, il s’agit de refaire un voyage dans la mémoire collective et personnelle, de suivre les traces d’une victime d’un système policier inique et de faire revivre grâce au livre exhumé, sa mémoire. Le contrepoint de la photographie soumet le lecteur à une « surimpression », un phénomène de « double exposure » qui provoque « le tiers pictural ». Phénomène qu’il s’agira de suivre et d’en définir les modes de manifestation, les enjeux pour la critique littéraire aussi. Ce sera le cas aussi de la photographie et de ses utilisations dans The Wars de T. Findley liée au trauma de la première guerre mondiale.


De la trace utilisée comme opération de recouvrement forcenée, couche sur couche ainsi que la pratique le peintre dans The Underpainter de Jane Urquhart à la trace absente dans la nouvelle de Karen Blixen « The Blank Page », la littérature s’est ingéniée à mettre en texte ce qui n’est que la plus légère marque de présence. Le choc visuel du spectateur confronté à une absence, un vide de trace déclenche aussitôt une quête herméneutique, un questionnement, tant il semble que la trace se constitue en indice, en appel à l’imaginaire et à la détection. La trace mnésique comme empreinte et rémanence (Warburg et Didi-Huberman), « image malgré tout » et « image survivante », logée dans l’œil du lecteur elle semble bien être en dernière instance, une manifestation du « tiers pictural », phénomène entre-deux, ni texte ni image, mais texte et image, et encore dans un ultime retournement, un moyen de faire retour sur le texte en un essai de critique intermédiale.