Iconographie de Benjamin Jordane. Un palais des glaces aux reflets qui bifurquent

Auteur / Author: 
MARTENS, David (Université catholique de Louvain, Belgique)
Date: 
Lundi 22 Août 2011 - 15:15
Local: 
R-R130

 

L’une des originalités de l’oeuvre si particulière de Jean-Benoît Puech tient à la sophistication de son recours aux masques d’auteurs. Depuis son invention de Benjamin Jordane, écrivain imaginaire dont il a publié plusieurs écrits, l’auteur a procédé à celle de multiples « alter ego », critiques et commentateurs, comme lui, de l’oeuvre jordanienne. Cette élaboration a connu un tournant sensible depuis quelques années, en particulier dans un recours à l’iconographie qui confère une nouvelle dimension à la stratégie de dévoilement de l’intime par l’intermédiaire d’un autre qui sous-tend l’oeuvre de Puech.


Dans Une vie littéraire, premier numéro des « Cahiers des amis de Benjamin Jordane » (Champ Vallon, 2008), Jean-Benoît Puech se livre, en compagnie d’un acolyte « supposé », Yves Savigny, avec lequel il partage la direction de l’ouvrage, à un exercice d’un genre particulier : l’imitation d’un cahier des amis de l’écrivain. Composé d’études, de témoignages, d’inédits de l’auteur, l’ouvrage présente en outre un cahier iconographique constitué, notamment, de photographies de Jordane, mais aussi de représentations d’objets familiers de l’écrivain, de certains lieux où il a vécu, des femmes de sa vie, de quelques-uns de ses livres, ainsi que de certains de ses critiques...


Il s’agira à l’occasion de cette communication d’analyser la fonction spécifique assignée à ce cahier iconographique dans le dispositif général de l’ouvrage ainsi que, plus largement, dans l’évolution d’une oeuvre qui se développe depuis maintenant près de trente ans. L’analyse contribuera à éclairer ce qui, dans un travail aussi singulier, a conduit l’écrivain à avoir recours à une telle documentation imagée pour figurer un écrivain imaginaire, non seulement par la mise en image de son corps, mais aussi à travers celle de son environnement au sens large, c’est-à-dire des objets, des êtres et des lieux qui ont constitué la trame de son vécu et ont, ce faisant, déterminé la facture de ses écrits.