L’atelier des apparences (Québec, L’instant même, 2004), rassemblant sept nouvelles d’écrivains québécois ponctuées par quinze œuvres de Paul Béliveau, est un « recueil de couleurs », « un livre-exposition » dans lequel, « au fil des lignes, lentement, la toile se transforme […] réinventée » (Lise Vekeman, « Avant-propos »).
S’agit-il d’« emprunter la voie de la fiction pour approcher l’art de Béliveau »,
comme Vekeman s’en interroge ? De la peinture de Béliveau, « vaste réflexion sur l’art et l’imaginaire » (Dany Quine) à la nouvelle, genre dont Louvel souligne l’unité d’effet qu’elle partage avec le tableau, l’écriture refait-elle la peinture ?
Considérant les « textes sortis […] de l’atelier de Béliveau » (Vekeman), nous nous préoccuperons de la « dynamique vitale » de la peinture à travers sa présence dans le texte qu’elle vient animer, selon Liliane Louvel. Nous montrerons que les métamorphoses picturales des images du passé transférées ailleurs, dans une autre réalité, par Béliveau dans ses toiles, opèrent dans les nouvelles à travers la reprises de thématiques telles que la lecture et le livre, le dualisme passé/présent, la Grèce ancienne, les racines et la création, aboutissant à une osmose entre le texte et l’image qui, « peu à peu », « l’absorbe » et « l’invente » (« Sans sortir indemne », Lise Vekeman). Les effets de graphisme, formant contrepoint dans « Libre chute »
d’Esther Croft et scandant « La muraille d’Amarcande » de Marc Rochette, « Convergences » de Bertrand Bergeron et « H o r s de la pension » de Gilles Pellerin, alliés à la musique, rejoignent le processus de la création dans
« Visiteurs » de Roland Bourneuf, matérialisée par l’apparition/disparition du motif pictural sur la page blanche.