Histoire d’un monument qui n’existera pas en tant que tel : 
« Les Archives du Cœur » de Christian Boltanski

Auteur / Author: 
Guido FURCI (École Normale Supérieure, Université de Paris 3, France)
Date: 
Jeudi 25 Août 2011 - 15:15
Local: 
R-R150


Christian Boltanski est né à Paris en 1944. Illusionniste plein de malice, tour à tour léger et tragique, il a produit une œuvre incontournable à partir d’éléments aussi peu substantiels que des coupures de journaux, des boîtes en fer-blanc rouillé, de vieilles photographies, des vêtements usagés ou des ombres vacillantes. Son travail, qui a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles, a été récemment montré à la Maison Rouge — Fondation Antoine de Galbert. C’est à cette occasion, lors de l’avant-dernier Festival d’Automne, que Boltanski a demandé aux visiteurs de prendre part à la réalisation d’un de ses projets les plus récents : « Les Archives du Cœur ».


Il s’agissait d’enregistrer et de stocker les battements de leur cœur, afin de créer une immense collection destinée à être conservée sur une île dans la mer du Japon. Si cette entreprise ressemble au début d’une nouvelle (Il y aura une île dans la mer du Japon où s’entendront battre des milliers de cœurs…), elle n’en est pas moins la tentative de construire – pour reprendre les mots de l’artiste — « des fictions qui soient des réalités ». Malgré son caractère éphémère, une telle opération serait de l’ordre du dévoilement du soi et de l’énoncé de l’indicible. Dans cette perspective, nous essaierons donc d’orienter notre analyse selon deux axes complémentaires : le partage du deuil et, par le biais de la synecdoque, la fixation d’une mémoire qui soit à la fois preuve et remise en cause de notre passage sur terre.