Expansion du corps propre : 
Influence des technologies info-communicationnelles 
dans la perception et la représentation du corps

Auteur / Author: 
Lucile HAUTE (CIEREC, Université Jean Monnet, Saint Etienne / EnsadLab/ENER, ENSAD, Paris)
Date: 
Lundi 22 Août 2011 - 10:30
Local: 
R-R130
Séance/Workshop: 
9-1. Je est un autre (corps)

L’avatar est-il une image que l’on manipule, tandis qu’elle prendrait la place de quelque chose d’absent, à savoir : le corps physique ? S’agit-il plutôt d’un outil permettant d’agir dans un espace virtuel ? Ou bien d’un médium, tissé de relations ? Ou encore, selon une définition spinoziste, d’un corps complexe, constitué de corps plus simples ? Selon cette dernière proposition, l’avatar serait actualisé par l’itération de ses rapports constitutifs, impliquant une marionnette de scripts et de pixels et une singularité préexistante. Permet-il de tendre vers une suture de matérialités et de temporalités différentes, celles du corps biologique d’une part, et celles des réseaux numériques d’autre part ? Ce corps augmenté ne l’est pas nécessairement physiquement (interprétations du cyborg par Stelarc ou Eduardo Kac) ou organiquement (opérations-performances d’Orlan), mais bien plutôt virtuellement (Synthetic Performance de Eva & Franco Mattes), comme une mise en exergue du caractère ontologiquement utopique du corps (Foucault).


Nous proposons d’élargir la notion d’avatar pour comprendre celui-ci comme l’ensemble d’un dispositif performatif numérique. Il s’agira de l’aborder comme un agencement complexe cristallisant de manière indissociable des enjeux techniques (modélisation, animation) et humains (projection, empathie, émotion).


Partant d’une analyse structurelle de l’avatar, nous étudierons conjointement ses rapports constitutifs et ceux, intersubjectifs, qu’il permet. S’agit-il de rapports d’identification ou de projection dans une représentation, comparable à celui du lecteur ou du spectateur de cinéma, à la différence que la représentation en question est ici façonnée et manipulée par l’usager, c’est-à-dire : participative. En quelle mesure cette participation va-t-elle influencer les relations intersubjectives de ces corps entre eux ? Peuvent-ils (et dans quelles circonstances), par leurs échanges, leurs actions, échapper au virtuel, au jeu, à l’art, pour rejoindre la réalité ? (Jacinto Lageira).


Si l’on considère Internet non comme la dématérialisation de choses matérielles mais comme la matérialisation de choses immatérielles, il convient de s’interroger, à la suite de Deleuze et Guattari, sur un devenir spécifique, c’est-à-dire un devenir informatique, des procès de subjectivation. Dans cette optique, les outils collaboratifs virtuels ne seraient plus des ersatz d’échanges directs entre individus, mais des modes d’inter-subjectivation spécifiques, qui ne remplacent rien puisqu’ils ouvrent d’autres possibles.