De l’imaginaire de l’ADN aux modalités de l’identité : Contributions des artistes biotech’

Auteur / Author: 
Marianne CLOUTIER (Département d’arts visuels, Université d’Ottawa et Figura, Département d’histoire de l’art, Université du Québec à Montréal, Canada)
Date: 
Vendredi 26 Août 2011 - 14:00
Local: 
R-R160

 

L’envahissement de la sphère sociale par les technosciences accompagne l’ouverture de nouvelles utopies corporelles : description du corps jusqu’à l’infiniment petit ou reconfigurations éventuelles de sa forme comme de sa nature. Face aux transmutations rendues possibles par les manipulations génétiques, face aux images si détaillées qu’offrent les technologies de visualisation du vivant ou face aux avancées du savoir tel le séquençage complet du génome, nos modes d’être sont profondément affectés. 
C’est ainsi que des notions du langage spécialisé se fondent aujourd’hui dans un usage courant, et participent au déversement dans la sphère sociale d’un discours scientifique vulgarisé, mais trop souvent réducteur. L’exemple le plus éminent, certainement parce qu’il touche à la constitution de notre être, est certainement le génome : l’ADN serait ainsi la clé ou le code de notre vie ; notre identité pourrait être lue dans nos gènes, etc. 
Rien d’étonnant donc à ce que de nombreux artistes biotech’ reprennent cet imaginaire de l’ADN, en explorent les modalités et les tenants dans le but de mieux interroger son apparente simplicité et surtout afin de le déconstruire. C’est le cas du travail de Justine Cooper dont l’installation Transformers (2002-2003), propose au spectateur un parcours à travers les diverses « couches d’identité » du sujet biotechnologique actuel. Portraits photographiques, empreintes, signature, histoire personnelle et données biologiques s’y superposent, créant un univers où le sujet relève à la fois de données scientifiques et d’une expérience subjective. L’analyse de cette œuvre nous permettra donc d’interroger la manière dont l’art biotechnologique problématise à nouveau frais le concept d’identité, par une immersion dans l’imaginaire du corps contemporain.