La collaboration de Paul Colinet et de Suzanne van Damme autour des Naturels de l’esprit (1947) témoigne de la prédilection des poètes et peintres surréalistes à la fois pour la création d’espaces interartistiques et pour la mise en scène du livre comme objet artistique à part entière. Ma communication propose d’analyser l’étendue et la profondeur d’une collaboration qui s’articule par la coexistence, dans l’espace livresque, de dessins et de textes. Quelle est la qualité « dramatique » de cette coexistence ? Donnerait-elle naissance à un « entre-deux », c’est-à-dire à un espace qui va de soi à l’autre, d’un art à l’autre ? Ou s’agirait-il d’un montage purement esthétique, d’une concentration arbitraire d’éléments disparates ? Peu importe si le dialogue est voulu ou pas : il s’impose au sens d’une friction stimulante, ouvrant un nouvel espace signifiant dont il s’agit de prendre la mesure artistique et biographique, individuelle et collective.