D’où vient cet “air” ? Mise en forme, rythme et circulations sémiotiques dans un livre dialogue

Auteur / Author: 
Karine BOUCHY (Université de Montréal, Canada et Université Paris Diderot-Paris 7, France)
Date: 
Mardi 23 Août 2011 - 13:30
Local: 
R-R160

 

Dans le livre d’artiste, les qualités matérielles de l’objet participent de l’expérience de « lecture » et de l’appréhension de l’œuvre. C’est particulièrement le cas lorsque les choix de mise en forme (technique d’impression et mode d’assemblage) encouragent une manipulation de la part du lecteur-spectateur. Le livre d’artiste ou de dialogue ne se contente alors pas de véhiculer un processus créatif, il offre une expérience heuristique d’une rencontre entre des auteurs.


À travers l’exemple d’un livre dialogue, échange entre une calligraphe et un philosophe, cette communication se propose d’examiner comment la mise en forme de l’objet suggère les processus et rend sensibles les expériences de l’échange entre les deux auteurs. L’ouvrage De Vous à Moi (2009), imaginé et édité par Alain Paccoud, composé de six lithographies originales de Kitty Sabatier et de six textes de Jean-Pierre Charcosset imprimés au plomb, offre une expérience qui engage l’imaginaire, relançant certains rapports sensibles ayant donné naissance à l’œuvre, comme la découverte, le rythme ou la circulation.


Nous évoquerons le rôle que jouent les techniques d’impression (lithographie, plomb, importance donnée au blanc du support) dans la transcription de la rencontre visuelle dont parle J.-P. Charcosset à propos des images monochromes de K. Sabatier. Nous verrons aussi comment l’assemblage —
un boîtier contenant douze feuilles pliées, non reliées, alternant image et texte, dans leur ordre de création, mais donc également mobiles —, par les gestes de manipulation qu’il implique, induit certains rythmes de regard et de lecture. Enfin, nous examinerons les rapports sémiotiques proposés par cet ouvrage : des circulations de sens plutôt qu’une (des) correspondance(s). Au lecteur, le livre propose sa « règle du jeu », semblable à celle acceptée en premier lieu par les auteurs. Rien n’est donné d’avance ; une image 
« initie le mouvement », puis la pensée compose ses propres parcours entre les questions parfois suspendues du texte et les rythmes dynamiques de la calligraphie.