Confession(s) et émergence de trois imaginaires : Saint Augustin, Rousseau, Madonna

Auteur / Author: 
Franck CORMERAIS (Département Information et Communication et CERCI, Université de Nantes, France)
Date: 
Mardi 23 Août 2011 - 15:15
Local: 
R-R140

 

Dans la tradition chrétienne, la confession (confessio — aveu) a revêtu deux formes : la confession privée à un prêtre, appelée confession auriculaire, et la confession publique d’un individu devant l’assemblée des fidèles. Sous ce second versant public, bien qu’à travers d’autres dispositifs (textuel, scénique), nous allons aborder la confession triplement :


1) Comme un échange avec Dieu (Les Confessions d’Augustin, 397-398) ;


2) Comme un échange avec soi (Les Confessions de Rousseau, 1712-1765) ;


3) Comme un échange avec le public (Confessions world Tour de Madonna, 2006). Dans chacune de ces confessions, nous chercherons à souligner l’émergence d’une convocation singulière de l’imagination qui se réaffirme toujours dans la rupture d’avec le paradigme platonicien ou néo-platonicien de la mimesis.



La description des régimes de la confession cherchera aussi à rendre compte d’autant de formes individuées d’une subjectivation qui rencontrent elles-mêmes des types de fiction : fiction de l’esprit qui « plane en haut »
dans l’arrière fond des allégories chez Saint Augustin ; auto-fiction de l’esprit qui descend dans l’arrière monde de la conscience introspective chez Rousseau ; fictionnalisation d’un Story Telling de l’Entertainment qui s’étend dans une « interspection » de l’avant-scène chez Madonna.


Pour Jacques Derrida, l’imagination est pure auto-affection. Elle ne se conforme pas à sa propre loi, mais à son propre processus, qui n’est libre que s’il est imprévisible. Nous essayerons de montrer que cette liberté de l’imagination dans la confession n’est pas contradictoire avec l’idée d’une différence de régime que nous chercherons à décrire à travers trois expériences différentes de la confession chez Augustin, Rousseau et Madonna. Dans chacun de ces régimes, nous chercherons à préciser les déterminants du « processus propre de l’imagination », d’où surgit la production d’un imaginaire à travers une conscience d’image (corporelle, spirituelle, intellectuelle). Par là nous avancerons avec Stiegler, en plus de la variation des formes de la fiction déjà évoquée, que chaque « auto-affectation » n’est pas indépendante des circuits qui se tissent entre l’activité noétique et la technèse (l’état de la technique de l’époque). Les systèmes de rétentions tertiaires favorisent, sans parler ici de déterminisme, l’éclosion d’un redéploiement continu de l’imagination dans les domaines de la religion (Augustin), de l’anthropologie (Rousseau) et de l’art populaire (Madonna).


Pour présenter l’émergence des trois imaginaires, nous aborderons donc trois figures importantes de la « subjectivité réflexive » dans la relation à trois types d’appels. L’appel et le Dieu, l’appel et le moi et, enfin, l’appel et le public chez Madonna. De chaque appel découle un régime : théologique chez Augustin, narcissique chez Rousseau, masse médiatique chez Madonna. Ces régimes s’éloignent d’une mobilisation des techniques et des fictions qui mettraient l’imagination sous la coupe d’une reproduction d’un modèle.
 L’éloignement de la théorie de la mimesis qui ouvre la vaste question de la confiance dans le modèle…