FRANÇAIS
On interrogera d’abord le contexte imaginaire, les pratiques dévotionnelles et l’investissement rituel qui entourent l’icône primitive : la ferveur, la fiducie, mais surtout l’appréhension haptique. L’ostensoir de saint Janvier est palpé, embrassé ; le portrait du malfaiteur est exécuté par le bourreau au lieu de la personne réelle (executio in effigie), comme si l’effigie était un objet transitionnel qui sublimerait par le toucher l’absence du corps propre. Un hiatus se creuse cependant entre cette idolâtrie d’origine et l’iconolâtrie qu’on rencontre à l’ère digitale, l’une relevant de l’incarnation conjonctive et fusionnelle, l’autre de l’incorporation disjonctive et narcissique (selon la dichotomie de Mondzain).
Or, les jeux vidéo se situent-ils dans la logique des simulacres ou bien la dépassent-ils en ouvrant une nouvelle voie vers l’auto-narration du Moi ? Ou encore, l’effigie visuelle du Moi, symbolisée par l’avatar, constitue-t-elle une représentation artificielle de l’identité ou plutôt son extension ? Sommes-nous dans le dédoublement (Lejeune) (mythe de Narcisse) ou dans l’augmentation technique des facultés humaines (Gehlen) (mythe d’Icare) ? L’écran de dernière génération est dorénavant une surface à toucher et avec laquelle interagir, qui prend la forme d’une écriture vidéo-ludique, d’une grammaire de la fantaisie à base technologique. Quel est le rapport entre cette grammaire et l’imaginaire?
ENGLISH
In a first stage we will question the imaginary context, the devotional practices and the ritual investment which surround the primitive icon: fervor, fiducy, but above all haptic apprehension. The ampoule with the blood of saint January is palpated, kissed; the portrait of the malefactor is executed by the slaughterer instead of the real person (executio in effigie), as a transitional object that sublimates by touch the absence of the proper body. A hiatus appears nevertheless between this archaic idolatry and the iconolatry we meet in our digital era, the one based on conjunctive and fusional incarnation, the other on disjunctive and narcissistic incorporation (following the dichotomy of Mondzain).
Therefore, are videogames to be placed in the logic of simulacra or are they opening a new way for the narration of the Self? What is prevailing: the archetype of the double, the device of duplication (Lejeune) (the myth of Narcissus) or rather the logic of technical enhancement of human faculties (Gehlen) (the myth of Icarus)? The latest generation of screens provides a surface that can be touched and interacted with, and takes the form of a video-ludic writing, a technology-based grammar of fantasy. What is the relation between such a grammar and imaginary?