FRANÇAIS

L’expression bien reconnue : théorie (ou théories) de l’imaginaire semble se miroiter, se réfléchir dans ce qu’on appelle l’imaginaire de la théorie. Quel entendement, quelle expérience celui-ci présuppose-t-il ? Si l’imaginaire implique une libération qui mène à la création d’un contenu nouveau (Wunenburger), l’imaginaire de la théorie tiendrait-il d’une nouvelle épistémè en mesure de relier le monde sensible (celui des figures) au monde de l’abstraction de ce sensible (celui de la théorie) ainsi conférant de nouvelles assises à la théorie ? Par quelles voies et par quels procédés la figure, outil à la faveur de l’imaginaire, est-elle en mesure de toucher la théorie et quel Problème (Deleuze) pose-t-elle à son institution ? L’imaginaire de la théorie oblige à penser ensemble affect, création et réflexion dans les différents mouvements de la pensée qu’implique la littérature, dans sa production et dans sa lecture. Il invite à la reconnaissance d’une expérience affective, d’une approche émotive sur le terrain de la théorie, matière trop souvent vouée à la récupération des grilles d’un savoir préétabli. Il invite aussi à questionner l’enseignement d’un tel type d’imaginaire. Nous aimerions suivre ces pistes au croisement de disciplines « gouvernées » par des théories et libérées, vivifiées par l’imaginaire.

ENGLISH

The well-known term theory (or theories) of the Imaginary seems to be reflected in the so-called Imaginary of Theory. What meaning and what experience does it presuppose? If the Imaginary involves a release that leads to the creation of a new content (Wunenburger), could the Imaginary of Theory be regarded as a new episteme, which connects the visible world (figures) and the abstraction of this world (theory), thus giving new foundations to theory? By what means and by what processes does the figure – tool of the Imaginary – affect theory? What Problem (Deleuze) does the figure raise towards theory? The Imaginary of Theory forces us to think about affect, creation and reflection all together in the different movements of thought as implied by literature, by its production and its reading. It calls for the recognition of an emotional experience, an emotional approach of theory – a field too often dedicated to recycling a pre-established knowledge and its models. It also questions the teaching of this particular type of Imaginary. We would like to reflect on these questions, situated at the crossroad of disciplines "governed" by theories, and released, vivified by imagination.