23 - Photographie amateur et pratiques populaires : Les nouvelles fictions collectives de l’image / Amateur Photography and Popular Practices: New Collective Fictions of the Image

Organisateur d'atelier / Session Organizer: 
Vincent LAVOIE (Figura, Département d’histoire de l’art, Université du Québec à Montréal, Canada)
Date: 
Vendredi 26 Août 2011 (Toute la journée)
Local: 
R-R150

 

FRANÇAIS

On connaît le célèbre slogan qui servit en 1888 à lancer le Kodak, cet appareil qui marque les débuts de la photographie amateur : «Appuyez sur le bouton, nous faisons le reste».  C’est la promesse d’une photographie sans peine qui est à l’origine de l’immense succès commercial de cet appareil. Cette formule résume en effet parfaitement les conditions d’émergence de la photographie amateur à la fin du XIXe siècle. Il s’agissait de faire en sorte que la photographie soit une activité des plus simples, cela en déléguant le «reste», c’est-à-dire le développement de la pellicule et le traitement des épreuves, à l’industrie. C’est ce qui donnera naissance à la photographie de masse.

Outre d’accroître le nombre des praticiens, les usages amateurs de la photographie renouvèlent le répertoire des sujets. La pratique de la photographie devenant une activité populaire, on assiste à la multiplication des images à contenu familial et domestique – les anniversaires, les vacances, les fêtes, etc. C’est alors que se réalise enfin, par le développement des usages sociaux de la photographie, un idéal démocratique annoncé dès les tout débuts du médium.

Qu’en est-il aujourd’hui de cette pratique photographique populaire? Il y a un peu plus de 20 ans, on annonçait la mort de la photographie. C’était avant que la révolution numérique ne relance la pratique de la photographie. Appareils compacts, téléphones portables, interfaces web, la photographie occupe à nouveau tous les territoires.

Cette séance propose d’interroger les imaginaires photographiques (techniques, symboliques, sociaux, politiques, esthétiques) au fondement des pratiques numériques actuelles. Assisterions-nous à la répétition d’un phénomène de démocratisation comparable à celui qui s’est produit à la fin du XIXe siècle avec le Kodak? Quels seraient alors les usages sociaux et les fictions collectives auxquels la photographie numérique populaire prétend aujourd’hui répondre? À quel idéal démocratique la photographie numérique se rattache-t-elle?

ENGLISH

We know the famous slogan coined in 1888 to launch the Kodak camera that gave rise to amateur photography: « You press the button, we do the rest ». That commitment of an easy photography was behind the huge commercial success of this camera. This slogan perfectly epitomized the boom of amateur photography at the end of the nineteenth century. The idea was to make sure that photography becomes a simple leisure in delegating the « rest», basically the developing and printing process, to the industry.

Besides the booming of a new category of photographers, the amateur photography introduced a new range of themes and subjects. There were indeed an increasing number of pictures showing holidays, anniversaries, family activities and others themes related to the domestic sphere. Amateur photography seemed to finally accomplish a democratic ideal cherished at the very beginning of the medium.

What of the amateur photography today? Around 20 years ago, popular photography was almost considered dead. That was before the digital revolution reanimated the practice. Compact cameras, mobile phones, social networks, Web 2.O, photography is back everywhere. This session is aiming to examine the photographic imaginaries (technical, symbolic, political, social, esthetic) at the core of digital practices.  Are we witnessing the repetition of a democratization phenomenon similar to the one that occurred more that a hundred years ago with the Kodak?   What would be then the social uses and collective fictions that current popular photography is aiming to address? To what democratic ideal digital photography is linked?