17 - L’émergence de l’imaginaire / The Rise of the Imaginary

Organisateur d'atelier / Session Organizer: 
Jacques GILBERT (Université de Nantes, France)
Date: 
Mardi 23 Août 2011 - 15:15
Local: 
R-R140

 

FRANÇAIS

Peter Brown dans The Rise of Western Christiendom raconte de quelle manière la querelle des icônes avait été reçue à la cour de Charlemagne : avec mépris et indifférence. Pourquoi l’Occident latin s’est aussi peu intéressé aux icônes ? Cette question ne concerne pas seulement un point d’histoire religieuse mais, plus généralement, notre rapport aux images. La sacralisation des icônes et l’iconoclasme ont été ignorés par l’Occident latin si bien qu’il est probablement erroné de vouloir expliquer la profusion des images qui s’y est développée ainsi que le régime de leur présence à partir de textes relevant d’une tout autre tradition. De fait, l’articulation de l’imaginaire à sa théorie dans l’Occident latin ne s’est pas construite à partir du paradigme platonicien ou même néoplatonicien de la patristique grecque. Comme le souligne Panofsky dans Idea, il est passé par le filtre de la rhétorique latine, Cicéron et Quintilien, pour se trouver profondément recomposé dans la pensée religieuse latine, de Tertullien à Augustin. La phantasia Aristotélicienne se trouve ainsi profondément transformée jusqu’à devenir chez Quintilien cette faculté « imaginaire » susceptible de susciter une nouvelle conscience des images, laquelle permet à Augustin d’envisager une forme inédite de réflexivité. Notre modernité, dans son rapport aux images, est née de cette diffraction entre le sujet de pensée et ses réflexions.

Quelques directions :

-L’imaginaire et la phantasia (d’Aristote à Quintilien)
-La fabrication de l’imaginaire chrétien
-L’émergence de l’imaginaire

ENGLISH

Peter Brown in The Rise of Western Christiendom tells in which way the Byzantine iconoclast controversy has been received in the court of Charlemagne with total indifference. Why was the Western Europe so little interested in icons? This question not only concerns a point of religious history, more generally our relationship with images. The holy character of icons and iconoclasm has been ignored by Western Europe, so it is probably an error to explain the abundance of images in Western latin countries, or the method of their presence with textual explanation from a very different tradition. In reality, the relationship of "imaginary" with its own theory in Western latin countries has not be built with the platonician paradigm, or even neo-platonician of graecian patristic. As Panofsky emphasizes it in Idea this platonician paradigm has been "filtred" by latin rhetoric: Cicero and Quintillian, and so was deeply distributed in latin religious philosophy, from Tertullian to Augustine. Aristotelian phantasia is so deeply modified and so becomes with Quintillian this imaginative faculty able to develop a new conscience of images. So Augustine may envisage a new form of reflexivity. Our modernity, in its relation with images, is born from this diffraction between the subject of thoughts and its reflexions.