Que racontent les images dans Bruges-la-morte et que donne à voir le texte du roman : Rodenbach, Khnopff et Memling

Auteur / Author: 
Nathalie LENINA (Université de Toronto, Canada)
Date: 
Tuesday, August 23, 2011 - 08:30
Local: 
R-R150

 

   Georges Rodenbach, poète et écrivain d’origine flamande et d’expression française, a été le premier « qui a conçu et mis au jour un récit-photo nullement galant ni excitant [ni] documentaire » (Thélot, 2003 : 163). Sur ce plan, son roman Bruges-la-morte (1892) occupe une place particulière dans l’histoire du roman illustré. Il s’agit du frontispice de Fernand Khnopff, peintre symboliste et ami de l’auteur, et des trente-cinq photographies reproduites en similigravures des lieux publics de la ville de Bruges sans parler de nombreuses images au sein du texte même. Le romanesque de Rodenbach « est entièrement dominé par les ressemblances, analogies, équation, identités, identifications, calques [et] reflets », mais en même temps, le texte du roman propose au lecteur des paradigmes possibles (métalangage) de la lecture de l’image littéraire, qu’elle soit langagière ou iconique.


La communication se constituera de deux volets. Dans le cadre du premier volet, nous essaierons de repérer les fonctions que l’ekphrasis remplit dans le roman de Rodenbach. Au centre de notre attention se trouveront la cathédrale de Notre Dame de Bruges (notamment, l’ekphrasis du monument funèbre de Marie de Bourgogne) et l’hôpital Saint-Jean (aujourd’hui, musée Memling) où est conservée la châsse de sainte Ursule (du pinceau de Memling). Ce reliquaire orné de peintures à l’huile est un exemple intéressant de l’ekphrasis, car au sein de la description d’une œuvre d’art apparaît la figure de l’hypotypose, figure dont les caractéristiques obligatoires sont animation, visualité et picturalité. C’est ainsi que l’histoire de sainte Ursule se déroule littéralement devant nos yeux : nous voyons « les choses en train de se faire » (Declercq).


Le deuxième volet se focalisera sur la lecture du roman au carrefour de l’œuvre picturale de Khnopff et de la photographie. Quel est le mécanisme des renvois réciproques entre le lisible (images à lire) et le visible (images à voir) et quels sont leurs effets sur notre lecture ? C’est la question principale à laquelle nous espérons répondre en nous attachant notamment aux potentialités affectives et réflexives des représentations iconiques et littéraires.