Le satellite, l’écran et la ville

Auteur / Author: 
Daniel LAFOREST (Centre de Littérature Canadienne, Université d’Alberta, Canada)
Date: 
Thursday, August 25, 2011 - 13:30
Local: 
R-R130
Séance/Workshop: 
33-3. Projections urbaines

 

 
Les nombreuses interfaces que l’on voit aujourd’hui proliférer au croisement des technologies de positionnement GPS, de la cartographie satellite en ligne et des banques d’informations décentralisées (cloud-based computing) laissent présager un changement de paradigme au sein des représentations socioculturelles du soi. Deux choses semblent particulièrement impliquées : la narration et l’espace urbain. Tout indique que la croyance moderne voulant que la narration traditionnelle et linéaire soit éventuellement remplacée par les images, leur reproductibilité et leur infinie malléabilité s’avère désormais bouleversée, à son tour, par l’émergence de paramètres imprévus. Premièrement, la mobilité de l’écran lui-même est devenue aussi importante que celle des images. Ensuite, l’omniprésence des coordonnées de positionnement satellite impose le modèle de la grille dans l’appréhension de l’espace quotidien. Mais surtout, l’espace urbain dans lequel ces interfaces nouvelles sont presque exclusivement pensées, distribuées et utilisées se voit attribuer un rôle nouveau de matrice imaginaire — en quelque sorte un idéal de précision — dans la redéfinition de l’identité narrative dont il est question.
 
Nous nous concentrerons ici sur le développement rapide de Google-earth, Google-maps et Google street-view, ainsi que sur la possibilité d’adapter ceux-ci à des fins artistiques, narratives et intermédiatiques pour la recréation d’une urbanité imaginaire. Ces technologies sont importantes parce qu’elles définissent une relation nouvelle entre l’espace de la ville et le plan sur lequel il est représenté. En effet de Google-earth à Google street-view, on remarque un déplacement entre un point de vue surplombant, bidimensionnel et englobant porté sur la ville (le point de vue des utopies modernes), et un point de vue tridimensionnel, à hauteur de regard et d’expérience, et à mesure de l’image qu’on se fait d’une quotidienneté urbaine. Mais entre ces deux pôles, comment maintenir l’idée d’une histoire ?