Au sein des catalogues de jouets édités à Noël par les commerces se trouvent des photographies d’enfants qui, représentés en pleine activité ludique, inscrivent les personnages et objets manipulés dans des aventures parfois initiées dans le discours linguistique. Ces illustrations sont particulièrement nombreuses lorsqu’il s’agit de présenter des déguisements, du fait de la proximité de ces objets avec le corps : ceux-ci s’appliquent à soi-même, permettent de travestir son apparence pour apparaître autre, d’entrer « physiquement » dans les histoires que suggèrent les œuvres de fiction. S’incarne ainsi toute une culture populaire, faite notamment de contes (Blanche Neige…), de bandes dessinées et de films (Spiderman…), à la fois cristallisée dans des productions commerciales et actualisée dans les pratiques ludiques quotidiennes des enfants. Les corps ainsi mis en scène dans les catalogues de jouets sont bien souvent hyper sexualisés, renvoyant de manière stéréotypée aux caractéristiques traditionnellement associées de manière exclusive au masculin ou au féminin (virilité, fragilité…), que ce soit au travers de leur plastique (visage, corpulence), de leurs mouvements (mimiques, poses) ou encore de leurs accessoires (vêtements, bijoux). Ces images de garçons et de filles arborant un déguisement de Batman ou de fée communiquent sur les normes associées aux corps masculins et féminins : il n’est point ici de déguisement mixte dans leur mise en représentation, le corps idéal n’étant pas conçu indépendamment des catégories de genre, qui le fondent et l’alimentent. Afin de mettre au jour l’imaginaire sous-jacent à cette ritualisation de la masculinité et de la féminité, nous nous attacherons à décrire les corps ainsi mis en scène au travers des discours iconiques et linguistiques des catalogues de jouets, puis nous nous interrogerons sur la manière dont les enfants, au regard de ces normes sexuées, se constituent en tant que sujets corporels.
