Dans une lecture critique des discours sur l’art d’ordre phénoménologique et psycho-sociologique appliqués aux installations et performances, à l’encontre d’une logique dualiste encore répandue opposant corps et esprit, représentable et irreprésentable, réel et imaginaire, nous travaillons dans une poétique de l’art (du côté d’une sémantique et non d’une sémiotique des œuvres).
La remise en cause des représentations positivistes du corps par les œuvres (dont on a pu voir un exemple dans l’exposition « Deux éternités proches » au Fresnoy, Tourcoing, France, 2010) pousse à explorer de nouveaux paradigmes en faisant appel à des modèles anthropologiques, sociaux, aussi bien qu’esthétiques du corps.
Nous proposons de considérer l’organisation spatio-temporelle globale et spécifique de l’œuvre d’art par laquelle se constituent indissociablement les questions de corps, de médium, de réel, de public ou sujet collectif — ce que nous appelons le « rythme de l’œuvre ». Nous interrogeons ainsi un corps en installation en même temps qu’un corps de l’installation, non du côté d’une individualité artiste ou spectateur ni du matériau versus contenu mais comme valeur corps s’inventant en même temps qu’une valeur médium et qu’une valeur public de l’œuvre. La démarche passe par la question d’une subjectivation artistique et par la critique de l’instrumentalisation de la technique.
